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J'ai echoue

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Aera8's avatar
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Une heure que je dormais. Une heure. Entière, complète, une vraie heure. Pourquoi toujours faire le même cauchemar ? Pourquoi toujours ce sursaut, vaine tentative de me protéger ? Toujours le même « rêve ». Toujours les même hommes. Toujours les même endroits. Encore. Courir à en perdre haleine à travers la forêt, tomber sur ces fourbes de racines, se relever à la hâte, ne pas se retourner. Jamais. Entendre au loin leurs cris, leurs menaces, épée de Damoclès. Prier et courir, toujours. Se calmer pour mieux leur échapper.
Virage serré, mal négocié. A terre, à l'image de ton courage à présent. Ne pas se relever. Les entendre tenter de s'approcher silencieusement. Pauvres idiots, s'ils savaient seulement que les feuilles d'automnes craquent magnifiquement sous leurs lourds pas. Essayer de se ramper. Ne pas y arriver. Se faire happer violemment, tirer par la jambe droite. Que fais-tu à ce moment précis ? Prier. N'essaies-tu point de t'enfuir ? Tu connais pourtant la suite, du moins, tu la devines avec horreur, pensant de toutes tes forces à un mauvais tour de ton esprit. Crier. Hurler. Plus fort, pour que citadins te remarquent. Mais ici, au beau milieu des arbres, il n'y a que toi. Et eux.
Formes floues, mal découpées en nuances de gris. Peut-être 4, ou 5, peut-être moins. Tu ne sais pas, plus. L'un te relève gentiment pendant que d'autres ricanent. Celui là tu parais plutôt gentil, douceur parmi les cruautés. Bientôt, tu déchanteras. Mais tu veux y croire, parce que c'est l'une de tes seules chances de t'en sortir. Contact froid de la main de l'un d'eux sur ton cou. Braquée vite contre un tronc d'arbre. Ne pas se débattre, prier jusqu'au bout. Ne pas y penser, ça ne peut pas t'arriver. Pas à toi. Mais en attendant, tu es plaquée contre un arbre, à moitié debout ou à genoux, tu ne sais même plus, le contrôle de ton propre corps t'échappe.
« On va prendre un raccourci par là ». Tu l'avais suivi, avide de connaître une nouvelle route, un nouveau paysage. Ton accompagnateur, tu le connaissais. Tu lui faisais confiance. Il t'a piégée, a profité de ta faiblesse pour te faire tomber. Encore plus bas. Une nouvelle fois. Il te semblait pourtant si adorable, tu ne pensais pas qu'il élaborerait un tel plan. Désormais, ce n'est que son image de dos que tu aperçois. Tu ne vois même plus autour de toi, le vide. Des rires résonnent, se fracassent à tes cris trop vrais, trop humains. Douleur de l'âme que rien ne répare.
Tu distingue de moins en moins l'endroit. Es-tu bien dans un bois ? N'es-tu pas près d'une autoroute, bruits des voitures qui accourent à tes oreilles ? Pourquoi personne ne vient ? T'entendent-ils ? Tu ne sais même plus s'il est midi ou minuit, mais peu t'importes à cet instant. Tu veux t'enfuir loin d'eux. Toucher glacial encore sur ta peau. Résister, toujours. C'est de ta faute ce qu'il t'arrive, jamais tu n'aurais dû le côtoyer. Tu le savais, tu n'as rien fait. Main sur ton front, sueurs froides. Tu te débats tant bien que mal jusqu'à ce que...

J'ai échoué.
« Mentir, moi, jamais, la vérité est bien trop amusante. »
Hook, de Steven Spielberg (1991).
© 2011 - 2024 Aera8
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lonelylittlelion's avatar
Magnifique texte, très bien écrit ^^ Ile me fait remonter tellement de souvenirs...